Quelle place occupe l'identité de genre chez les nouvelles générations ? Pour répondre à cette question (et bien d'autres), le professeur émérite en travail social à l’Université Laval, Michel Dorais, a publié récemment « La révolution des identités de genre enfin expliquée ». Pour Michel Dorais, le mot « révolution » est loin d'être exagéré.
En tant que co-président d’honneur de la 3e édition du Salon du livre queer de l’organisme Fierté Littéraire, les 7 et 8 décembre 2024, il a participé à une conférence portant sur le contenu de son dernier ouvrage, animée par l’ex-journaliste, auteur et animateur radiophonique, Denis-Martin Chabot, un des fondateurs de l’événement.
« On en parle beaucoup, notamment parce que de plus en plus de jeunes se désignent comme non-binaires, trans, fluides, bi-genres, agenres, etc. Toutefois, il existe encore énormément de confusion sur les identités liées au genre, mais aussi au sexe et à la sexualité. Expliquer clairement et simplement ce qui se passe chez les jeunes générations dans la façon de se définir est le but de mon ouvrage. Il est destiné aux parents, aux grands-parents et aux intervenants de nombreux milieux (école, travail, sports et loisirs) qui cherchent à s’y retrouver, Sans oublier les jeunes sont témoins de cette révolution ou la vivent, bien sûr ! »
Fatigué d’entendre et de lire tellement d’inexactitudes et de contre-vérités sur les questions d’identité de genre, il dit avoir voulu partager ce que quarante-cinq années de recherche, d’enseignement et d’intervention en ce domaine lui ont appris. Et donner l’heure juste. « À la suite des débats et des controverses qui se produisent, il y a nécessité de mieux informer, vulgariser, sensibiliser, bref éduquer jeunes et moins jeunes. C’est mon projet. Comme je prône l’écoute bienveillante, j’entends prêcher par l’exemple, et au besoin donner quelques conseils que je voudrais empreints de sagesse (pour autant que mon âge et mon expérience de vie m’en apportent un peu). »
À quoi reconnaît-on cette révolution des identités ? Elle a quatre caractéristiques selon lui. « D’abord, l’éclatement du modèle binaire homme/femme, masculin/féminin, cisgenre/transgenre, hétéro/homo, surtout chez les jeunes. Ensuite, la multiplication des identités possibles, qui amène une floraison de nouveaux mots et concepts, que j’explique. En troisième lieu, la fluidité identitaire : que les identités revendiquées soient permanentes ou transitoires, ce n’est pas une préoccupation pour les jeunes générations. Pour elles, l’important c’est d’être soi ici et maintenant. Enfin, l’affirmation identitaire de qui ont est fait en sorte que l’identité est plus que jamais revendiquée de façon proactive, que ce soit à l’école ou ailleurs. »
Les points forts de cet ouvrage sont la variété des exemples mentionnés, tous réels, qui ouvrent les chapitres, et la solidité des références scientifiques, enfin la volonté d’aborder de front les questions de valeurs. Les chapitres sur les drag-queens et sur la langue épicène semblent particulièrement réjouissants car ils démolissent en douceur bien des préjugés. « En somme, j’ai voulu écrire un ouvrage clair et nuancé, basé sur des faits, qui donnera à réfléchir les gens de tous horizons. Parce que la diversité sexuelle et de genre, elle est là pour rester », assure-t-il.
Un expert passionné et engagé
Comme sociologue spécialiste du genre et des sexualités, Michel Dorais a enseigné pendant 24 ans à l'École de travail social de l'Université Laval, où il fut nommé en mai 2022 professeur associé. Maintenant retraité de l’enseignement, il a été nommé professeur émérite de la Faculté des sciences sociales, en novembre dernier.
Cette haute distinction, décernée par l’Université Laval, vient souligner sa contribution exceptionnelle tant sur le plan académique que scientifique. Pionnier dans l'intervention sociale auprès des personnes LGBT+ et des jeunes victimes d'exploitation et de violences sexuelles, il a fait preuve d'un engagement exceptionnel en intervention, en enseignement et en recherche afin de faire avancer les mentalités et les pratiques sociales.
Il a publié plusieurs ouvrages sur la sexualité et l'intimité, notamment sur la prostitution, la diversité sexuelle, l'homophobie et le suicide chez les jeunes hommes. Le travail comme intervenant social et chercheur de M. Dorais pour les droits LGBT+ et pour les victimes d'exploitation et de violences sexuelles a été souligné de divers prix et nominations à des comités experts. Son avant-gardisme a marqué la Faculté des sciences sociales et l’Université Laval.
Il a écrit et publié de très nombreux articles et ouvrages, certains étant adaptés ou traduits en d’autres langues. Cette notoriété lui a valu plusieurs invitations à des colloques et à des conférences à travers le monde.
La révolution des identités de genre enfin expliquée
Michel Dorais
Éditions Trécarré
2024
(*) L’homme qui plantait des genres : un clin d’œil au titre du film d’animation oscarisé (Meilleur court métrage d’animation, 1988) du cinéaste québécois Frédéric Back, de l’Office national du film du Canada (ONF), L’homme qui plantait des arbres. Très beau film d'animation d'après le récit de Jean Giono dans lequel un berger donne une nouvelle vie à un paysage presque désert. L'histoire offre un message d'espoir sur le pouvoir des efforts patients et dévoués pour créer un monde meilleur.
Par Gaëtan Vaudry
Photo : Éditions Héliotrope
Il est à peine âgé de 32 ans et son nom est déjà sur toutes les lèvres. Natif de Chicoutimi, mais vivant à Montréal depuis quelques années, Kev Lambert s’avère un prolifique auteur qui collectionne les prix les plus prestigieux.
Son manteau de cheminée regorge déjà de plusieurs prix, dont le celui de la meilleure thèse en arts et sciences humaines de l'Université de Montréal, le prix Pierre L'Hérault de la critique émergente, le prix découverte du Salon du livre du Saguenay−Lac-Saint-Jean, le prix Sade, le prix du CALQ (Conseil des arts et lettres du Québec), le prix Ringuet, le prix Décembre, ainsi que le prix Médicis 2023… rien de moins!
Diplômé de l'Université de Montréal avec une maîtrise et un doctorat, l’écrivain publie son premier roman Tu aimeras ce que tu as tué en 2017. Dans ce récit qui se déroule dans un Chicoutimi malsain et morbide, Kev Lambert utilise la haine comme ton littéraire et critique avec virulence la xénophobie et l’homophobie qui sévit encore au Québec. Déjà, le jeune homme parvient à faire tourner bien des têtes, principalement celles de la scène littéraire québécoise. Il n’en fallait pas plus pour mettre la table pour son second roman, Querelle de Roberval, paru un an plus tard. Cet opus - renommé Querelle par son éditeur français - qui nous relate la lutte des ouvriers et ouvrières de la scierie de Roberval envers leur patron, recevra une multitude de prix et de mentions qui feront rayonner le nom de Kev Lambert au-delà de nos frontières.
Plusieurs se souviendront qu’en juillet 2023, Kev Lambert n’a pas apprécié que le premier ministre du Québec, François Legault, souligne sa dernière œuvre Que notre joie demeure sur Twitter. L’écrivain a farouchement répliqué à la critique littéraire du chef de la CAQ sur les réseaux sociaux : « M. Legault, en pleine crise du logement, alors que votre gouvernement travaille à saper les derniers remparts qui nous protègent d’une gentrification extrême à Montréal, mettre mon livre de l’avant est minable (…) Ce qui m'a dérangé, ce n'est pas tant le fait qu'il lise des livres qui s'éloignent de ses idées politiques ou de sa chambre d'écho, mais c'est la lecture qu'il a faite de mon livre dans le contexte de la crise du logement. » Les deux hommes allaient par la suite se répondre, au moyen de quelques messages.
Ouvertement gai, Kev Lambert, en entrevue dans La Presse avec le metteur en scène René-Richard Cyr en 2021, affirme vouloir participer au mouvement d’affirmation homosexuelle dans ses œuvres : « J’aime ça faire partie de la catégorie LGBTQ », souligne-t-il. Selon lui, l’industrie culturelle s’impose des changements, des ajustements : « Les catégories ne me dérangent pas du tout. C’est une grosse machine, l’industrie culturelle, ça prend du temps à faire bouger, mais ça bouge. »
Le 9 novembre 2023, Kev Lambert recevait le prix Médicis pour Que notre joie demeure, un prix littéraire français fondé en 1958, afin de couronner un roman, un récit, un recueil de nouvelles, dont l'auteur débute ou n'a pas encore une notoriété correspondant à son talent. Le Médicis, est doté d'une bourse de 1000 euros, soit un peu moins de 1500 $.
Sylvain Rivière. Sur le site web des Libraires.ca, on compte 120 titres d’ouvrages qu’il a signés ou co-signés depuis 1981. Son plus récent, l’histoire rocambolesque de la sculptrice, muraliste, peintre et tapissière gaspésienne de réputation internationale, Suzanne Guité, co-fondatrice du Centre d’art de Percé, qui a connu une fin tragique au Mexique en 1981, à l’âge de 55 ans. Surtout connue pour ses sculptures, elle a également troqué ses outils pour le pinceau pour se prêter à la peinture et à l'aquarelle.
L'auteur Sylvain Rivière
Dans « De la montagne à la mer – Suzanne Guité – Entre l’arbre et la pierre », l’auteur gaspésien, qui est né à Carleton, mais habite Maria, exprime dans un texte vibrant et rempli d’humanité et de respect, la complexité du personnage en même temps que l’immensité de son talent et la richesse de son oeuvre. Écrivain, poète et journaliste de formation, il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Il a reçu, au cours de sa carrière s’étalant sur plus de quatre décennies, de nombreux prix et distinctions.
Sylvain Rivière a entrepris de retracer l’univers de cette artiste, à la suggestion de l’une des filles de Suzanne Guité et d’Alberto Tommi (son mari italien), Marie-Josée Tommi, elle aussi artiste basée à Percé. Que ce soit avec les hommes de sa vie, avec ses enfants ou avec différents artistes et nombreuses personnalités d’ici ou d’ailleurs, Suzanne Guité a entretenu de vibrantes correspondances soutenues tout au long de sa carrière et de sa vie.
Sylvain Rivière avec la fille de Suzanne Guité, Marie-Josée Tommi. (Photo : Radio-Canada)
Lors de notre rencontre avec Sylvain Rivière par un bel avant-midi ensoleillé d’octobre, sur la terrasse de sa maison de Maria, il a suffi d’une question de notre part pour que s’active ce conteur invétéré et passionné. On sent d’entrée de jeu son attachement profond pour cette femme qui a marqué l’imaginaire gaspésien, bien entendu, mais aussi celui de nombreuses personnes du monde des arts, en Europe, au Québec, au Mexique et partout où elle s’est manifestée pendant sa carrière. En plus de receler la correspondance personnelle de Suzanne Guité, le livre contient aussi des lettres professionnelles et de nombreuses photographies.
Cette correspondance gigantesque qui sert d’appui à cet ouvrage de 485 pages publié en juin 2024, Sylvain Rivière s’y est plongé, une manière pour lui de lever le voile sur l’artiste et l’être humain qu’était Suzanne Guité. Il raconte comment il l’avait rencontré alors qu’il n’avait que 16 ans, au Centre d’art de Percé où il s’était rendu lors d’une prestation du grand Raymond Lévesque, pour assouvir son désir de monter sur les planches et présenter sa poésie et ses chansons.
Elle lui a offert sa chance peu de temps plus tard en première partie d’un artiste et ce fut le début d’une belle aventure pour lui. Au fil des années, il s’était également lié d’amitié avec sa fille, Marie-Josée. Dans une entrevue à Radio-Canada lors du lancement du livre, Sylvain Rivière déclarait que « L’idée est de ramener cette personne-là dans la vie d’aujourd’hui avec tout ce qu’elle nous a donné pour ne pas qu’on l’oublie et surtout pour que l’on comprenne finalement toute la richesse de cette œuvre et la mettre en valeur ».
Le couple Tommi-Guité au Centre d'art de Percé
Le fil du récit mène inévitablement à la fin de vie tragique de Suzanne Guité, assassinée dans son atelier près d’Oaxaca, au Mexique, en 1981, à l’âge de 54 ans. Son mari italien est décédé à Percé en 1959, à l’âge de 42 ans, à peine 11 ans après leur mariage. Des décès prématurés dans les deux cas, alors que la richesse de leur art avait commencé à avoir un impact important dans la sphère artistique un peu partout dans le monde.
Un héritage culturel important pour la Gaspésie
Fait à signaler, l’œuvre de Suzanne Guité sera protégée et mise en valeur alors que le Musée de la Gaspésie a annoncé son acquisition d’œuvres et du fonds d’archives de la famille Tommi-Guité l’an dernier.
« Ce qui n’a pas été séparé entre les héritiers et les héritières est demeuré au musée et on est très heureux, parce qu’on va pouvoir en faire le traitement, la diffusion et particulièrement faire connaître Suzanne Guité », explique le directeur général du Musée de la Gaspésie, Martin Roussy. La famille Tommi-Guité lègue donc au musée 450 œuvres, dont des sculptures, des dessins et des aquarelles.
À cela s’ajoutent les archives de cette famille qu’accumule le Musée de la Gaspésie depuis la fin des années 80, comme des milliers de photos ainsi que de nombreux écrits.
De la montagne à la mer – Suzanne Guité – Entre l’arbre et la pierre
Sylvain Rivière, auteur
Éditions Du Tullinois
Distribution Prologue
Comédien, metteur en scène, réalisateur, directeur artistique, dramaturge… ce caméléon artistique est Diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada, à Montréal, en 1980. René Richard Cyr a rapidement été plongé dans une carrière qui l’a amené à performer et à exceller dans une diversité de domaines, dont le théâtre et le cinéma.
Humaniste, grégaire et polyvalent, il investit son intelligence, son talent et sa sensibilité dans plusieurs sphères de la culture québécoise. Récompensé de nombreux prix, son parcours, où se côtoient spectacles populaires et œuvres exigeantes, comprend 125 mises en scène pour le théâtre, l’opéra et les variétés.
Homme de théâtre et de télévision aux multiples talents, René Richard Cyr n'hésite pas à explorer toutes les facettes de son métier. Il agit toujours avec ferveur, sensibilité, rigueur et humanité.
Il est en couple avec le même homme depuis plus de 25 ans. On l’a vu jouer à quelques reprises des rôles en lien avec des personnages gais, des travestis et autres rôles en lien avec la communauté LGBT+. Il a également joué des personnages qui sont très loin de lui, et il a parfois l’impression d’être un « moteur haute résolution ».
René Richard Cyr est un homme de théâtre complet, un homme de spectacle passionné. René Richard Cyr est derrière de nombreuses autres productions théâtrales marquantes, dirigeant des œuvres d’ici et d’ailleurs, de Molière à Brecht, de Michel Marc Bouchard à René Daniel Dubois. Il a également assuré la direction artistique de divers spectacles musicaux, notamment de Diane Dufresne et Céline Dion. Il a créé, avec Dominic Champagne, Zumanity, le cabaret érotique du Cirque du Soleil présenté à Las Vegas depuis 2003, en plus de signer la mise en scène de quelques grands opéras, parmi lesquels Don Giovanni de Mozart et Macbeth de Verdi produit à Montréal, Melbourne et au prestigieux Opéra de Sydney.
En 2010, il concevait l’adaptation et la mise en scène des Belles-Sœurs, le théâtre musical, un spectacle qui a été louangé par tout le monde. Il a dirigé au TNM Caligula et Demain matin, Montréal m’attend — qui lui valait pour la cinquième fois le Félix du metteur en scène de l’année décerné par l’ADISQ — ainsi que les nouveaux spectacles de Luc Langevin et Fred Pellerin avec l’OSM, Les jours de la semelle.
René Richard Cyr fut directeur artistique et codirecteur général du Théâtre d’Aujourd’hui de 1998 à 2004. Il a également assuré la codirection artistique du Théâtre PÀP de 1981 à 1998.
Enfin, en 2023 il reçoit l’honneur d’être décoré Compagnon de l'Ordre des arts et des lettres du Québec.
Depuis ses débuts et même aujourd’hui, à 68 ans, Yves Jacques mène parallèlement une carrière au Québec et en France, tant au cinéma qu'au théâtre.
Il a tourné dans six films du réalisateur québécois Denys Arcand, dont Le Déclin de l'empire américain, Jésus de Montréal et Les Invasions barbares, et plus récemment, Le Testament (2023) aux côtés de son ami Robert Lepage. Il a tourné dans sept films du cinéaste français Claude Miller. Il a aussi travaillé pour Xavier Dolan.
Il a joué en tournée mondiale, à partir de 2001, deux spectacles de Robert Lepage, La Face cachée de la Lune et Le Projet Andersen, dont il interprète seul les personnages. Par la suite, il a joué dans une multitude de pièces au théâtre, ici comme ailleurs en Europe.
Il considère que son personnage d'enseignant homosexuel dans Le Déclin de l'empire américain lui a permis d'assumer lui-même son homosexualité.
Le cinéaste Claude Miller, qui fit appel à lui pour plusieurs rôles au cinéma, a dit de lui : « Yves Jacques est l’un des plus grands acteurs du monde, c’est une grande vedette au Québec. (…) Sa culture d’acteur anglo-saxonne est merveilleuse, il est capable de passer du drame à la comédie avec un grand sens du rythme, de la musique. »
C’est d’abord comme chanteur du groupe québécois Slick and the Outlags, qui parodiait le rock and roll américain des années 50, qu’il s’est fait connaître, dans les années 70, pendant ses études en théâtre. Puis en 1981, avec la chanson « On ne peut pas tous être pauvres », il devient le premier réalisateur de vidéoclip indépendant au Québec.
À la suite de son coming out en 1997, il fait partie des gouverneurs de la Fondation Émergence pour la défense des droits LGBT et a été pendant deux ans porte-parole du Centre d'aide Gai Écoute.
Il a été nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture et de la Communication de France en février 2001, et Officier de l’Ordre du Canada depuis 2009, pour ses interprétations au théâtre, à la télévision et au cinéma, au Canada comme à l’étranger.
Yves Jacques, comédien
Depuis plusieurs années, sa présence dans de nombreuses productions, autant au théâtre qu’au cinéma ou à la télévision, en ont fait un enfant chéri des Québécois. Nommé comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération, Benoit McGinnis épate à chacune de ses performances. Artiste au profil plutôt discret, il se glisse facilement, tel un caméléon, dans la peau des personnages qu’il incarne.
C’est à Laval, où il est né en 1978 et où il a grandi, que le comédien Benoît McGinnis rêvait à son avenir, sur le terrain où passaient les lignes d’Hydro-Québec. Ado, Il découvre le jeu en regardant Avec un grand A de Janette Bertrand, une émission où de nombreux acteurs se fondaient dans des personnages dramatiques pour le grand public.
Depuis sa sortie de l’école nationale de théâtre, Benoit McGinnis a joué dans près d’une quarantaine de pièces sur les plus grandes scènes montréalaises. Ses rôles dans Des souris et des hommes (2018-2020), dans Being at Home with Claude (2014) et dans Caligula, (2012-2013) ont été particulièrement remarquables. Plus récemment, en 2024, c’est en incarnant le mathématicien homosexuel Alan Turing, que Benoît McGinnis a une fois de plus épaté la galerie. La machine Turing, avec un traitement bien différent que celui présenté au cinéma dans Le jeu de l’imitation, oscarisé en 2015, jette davantage la lumière sur l’homme, que sur sa science. Et c’est précisément cet angle de la proposition qui a attiré l’acteur.
Chanteur hors pair, Benoit McGinnis a prêté ses traits pour diverses productions musicales., dont Demain matin, Montréal m’attend (2017-2018). Toutefois, c’est sa prestation dans la peau de Hedwig, personnage culte du théâtre musical Hedwig et le pouce en furie, en 2023, qui nous dévoile un autre volet de son immense talent.
En plus de ses diverses participations dans des téléséries populaires, souvent dans des rôles misant sur sa sensibilité et sa fragilité, Benoit a touché au cinéma dans quelques films d’ici.
À l’animation télé, depuis 2021, il coanime le magazine culturel Retour vers la culture à Radio-Canada et ARTV, un rôle qui semble le rendre heureux et qui plaît bien aux téléspectateurs, qui sont touchés par son humanité et sa vaste culture.
Benoit McGinnis, comédien, acteur et chanteur
En 2003, Manon Briand, la cinéaste originaire de Baie-Comeau, obtenait quatre nominations au Gala Québec Cinéma, dont celui du meilleur scénario, pour le chef d’œuvre « La Turbulences des fluides », tourné dans sa ville natale. Une décennie plus tard, elle remportait le Women in Film and Television Artistic Merit Award au festival de Vancouver, pour son long-métrage « Liverpool ».
Après son diplôme en Arts Plastiques, option cinéma à l'Université Concordia, Manon Briand complète sa formation par un stage d'écriture de scénario à Villeneuve-Lès-Avignon. En 1988 elle crée avec l'aide d'autres réalisateurs, " Les films de l'Autre " un collectif de cinéastes indépendants.
En 1990, elle produit et met en scène Les Sauf Conduits qui remporte le Prix Claude-Jutra du Meilleur Espoir aux 10e Rendez-vous du cinéma québécois et le Prix du jury " Graine de Cinéphage "au Festival Films de Femmes de Créteil en 1992. Manon Briand y prend le pouls de sa génération de gais, lesbiennes, bisexuels urbains branchés – et mêmes des hétérosexuels – pour qui l’identité sexuelle est une affaire de cœur.
Elle écrit et réalise deux courts-métrages, Crois de Bois en 1992 et Picoti Picota en 1995 qui remportent, entre autres, le Prix de la Fondation Alexander S. Scotty pour le meilleur film traitant de la vieillesse et de la mort au festival international du court-métrage d'Oberhausen en 1996. En 1997, elle écrit et réalise un des segments du film collectif Cosmos, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 1997 et Lauréat du Prix International d'Art et Essai.
Avec son premier long-métrage « 2 Secondes », la cinéaste propose un mélodrame habilement forgé, traitant d’une lesbienne, coureuse cycliste finie, qui s’épanouit comme courrier à vélo dans les rues usées de Montréal. Au début des années 2000, « Heart—The Marilyn Bell Story », une biographie télévisée en anglais au sujet de la nageuse marathonienne de Toronto, lui a permis de parfaire ses compétences comme réalisatrice, tout comme de pousser plus loin son intérêt pour les corps féminins, les défis athlétiques et l'ambiguïté sexuelle.
Wikipédia classe la Baie-Comoise dans la catégorie « Réalisatrices canadiennes dont l’œuvre est marquée par les thèmes LGBTQ ». Son nom est désormais accolé à une certaine nouvelle vague du cinéma québécois.
Peu de gens au Québec ignorent cette femme bientôt centenaire. Elle a été et est encore bien souvent celle à qui on s’adresse, dans le monde des médias et dans l’espace public en général, pour discuter et venir témoigner d’une réalité qui nous échappe trop souvent dans cette vie trépidante qui se déroule à une vitesse folle.
On parle ici des relations entre les femmes et les hommes, entre les parents et les enfants, des relations familiales, des relations interculturelles dans notre société, des relations sexuelles et bien d’autres questions qu’elle a étudiées, analysées, questionnées, scénarisées et expliquées par le biais de ses écrits, de ses conférences, de ses téléromans, de ses chroniques à la radio, de ses téléséries dramatiques, de sa légendaire téléréalité autour d’une table où on s’adonnait à « Parler pour parler »… et combien d’autres encore, depuis plus de 60 ans.
Janette Bertrand est née dans le quartier Centre-Sud à Montréal, autour de l’endroit où se
trouve aujourd’hui la station de métro Frontenac. Connue au début surtout comme
comédienne, elle est aussi une journaliste et écrivaine au long parcours. Ses études en lettres à
l'Université de Montréal lui ont permis de devenir journaliste en 1950, d’abord comme
chroniqueuse, ce qui la sensibilise aux revendications des féministes.
Par la suite, elle devient animatrice à la radio pendant plusieurs années. Comme courriériste du coeur dans les années 1960, elle donnait déjà la parole aux sans voix, aux personnes qui se sentaient isolées, rejetées ou exclues en publiant telles quelles, et sans censure, les très émouvantes lettres qu’elles recevait, parmi lesquelles beaucoup de SOS d’hommes gais et de femmes lesbiennes à qui elle redonne courage et espoir en les incitant à s’accepter. À cette époque, rappelons-le, l’Église condamnait sans aucune nuance l’homosexualité, et la science la considérait comme une maladie mentale alors que la loi la punissait comme un crime.
À la même époque, elle fut la confidente des adolescents à Comment pourquoi?, où elle s'efforce de rassurer les jeunes et de répondre à leurs questions autant que le permet le contexte du début des années 60, c'est-à-dire en faisant totalement l'impasse sur les relations sexuelles.
Plus tard, de 1984 à 1994, avec l’émission « Parler pour parler » elle sera la première à inviter, en direct, à la télé, des hommes gais, des femmes lesbiennes, des personnes transgenres et des personnes bisexuelles à parler de leur vécu. La première aussi à donner la parole à des personnes atteintes du sida, à des victimes d’agressions sexuelles, à des travailleuses du sexe, à des personnes itinérantes, la liste complète de sujets alors très sensibles qu’elle a abordés serait longue.
Dans ses propres écrits, notamment ses scénarios joués à la télé « Avec un grand A » (1986 à 1996), elle fera aussi large place à la diversité sexuelle et de genre afin de défaire les préjugés et les tabous qui perdurent.
En somme, comme éducatrice populaire à la sexualité, avant même que ce concept existe, Janette Bertrand fut des plus avant-gardistes et certainement parmi les plus grandes et des plus constantes alliées que la communauté LGBTQ+ a connues au cours de l’histoire du Québec. Janette Bertrand a contribué de façon notable au changement des mentalités au Québec pour l’acceptation des personnes LGBTQ+ en faisant en sorte que leurs réalités soient mieux connues.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, la Fondation Émergence a créé en 2019 le Prix Janette-Bertrand remis à une personnalité non-LGBTQ+ ou organisme non-LGBTQ+ qui a contribué de façon importante à la lutte contre l’homophobie et la transphobie par une action marquante particulière ou de manière répétée, par une implication continue.
En 2024, Janette n’a pas encore décidé du moment de sa « retraite ». Elle parle encore de projets et de nouvelles idées pour poursuivre son œuvre…
Source : La Fondation Émergence
« Une grande perte pour nos communauté » : voilà comment Pierre Pilotte, le coordonnateur des Archives gaies du Québec (AGQ), a commenté l’annonce du décès le 23 juin de John Banks, l’un des plus vieux militants et activistes de la cause LGBT à Montréal. « Son militantisme et son bénévolat indéfectibles pour plusieurs causes vont manquer à nos communautés », a-t-il poursuivi.
Dans un message transmis aux membres, il est précisé que s’il a été de toutes les premières luttes pour les droits et libertés de cette communauté, John Banks, « Grand ami des Archives gaies du Québec, il venait régulièrement y faire du bénévolat depuis plusieurs années ».
Très jeune il assume son homosexualité, mais surtout il décide de ne pas se taire, ni de se cacher. Ils n’étaient pas très nombreux à cette époque, loin de là. À l’origine des premiers organismes LGBT, John Banks sera de tous les combats, de toutes les luttes et ce, jusqu’à la fin.
« Toute sa vie, il se battra pour la reconnaissance des droits des personnes LGBT et ne se laissera jamais abattre par l’adversité. Il a toujours été fier de ce qu’il avait accompli mais sans s’en vanter. Homme modeste et réservé, il n’aimait pas faire étalage de ses exploits. Ainsi, c’est lui qui, en 1979, à son retour de Vancouver, lança la première marche de la Fierté au square Saint-Louis avec quelques dizaines d’amis et de militants pour souligner le 10e anniversaire des émeutes de Stonewall à New York », poursuit le communiqué de AGQ.
Photo par Danny Godbout
En 2019, alors qu’il en est le co-président d’honneur, Fierté Montréal crée en son honneur le prix John-Banks, qu’il est le premier à recevoir. Il était déjà récipiendaire de plusieurs prix, dont un prix Phénicia de la Chambre de commerce LGBT du Québec.
Né le 3 juillet 1943, il aurait fêté ses 81 ans cette année. La direction de AGQ prévoit organiser un événement à sa mémoire éventuellement.
L’éditeur et l’équipe des GuidesGQ s'unissent pour transmettre leurs vœux de sincères condoléances à la famille et aux proches de John Banks.
Photo principale : AGQ
Si l’Acadie a découvert la musique et les membres du groupe Écarlate dès 2021, alors qu’ils ont remporté cette année-là plusieurs prix lors de concours et de galas, dont celui du prestigieux Gala de la chanson de Caraquet, il en va autrement de Samuel LeBlanc, qui a été mis sous les feux de la rampe en 2023, grâce au film documentaire du cinéaste acadien Julien Cadieux, « Y’a une étoile ».
Écarlate est un groupe composé de Clémence Langlois, Daphnée McIntyre et Samuel LeBlanc, trois multi-instrumentistes de Moncton au Nouveau-Brunswick, qui présentent des ballades attendrissantes depuis plus de trois ans. En pleine pandémie, alors qu’ils sont tous trois âgés de 17 ans, le groupe remporte la 17e édition d’Accros de la chanson et la 52e édition du Gala de la chanson de Caraquet, ce qui propulsera leur carrière sur la scène des Maritimes.
« Leur musique haute en émotion, purement venue du cœur, cartographie leur passage de l’adolescence vers l’âge adulte et touche les cœurs de petits et grands. Leur monde nostalgique et leurs morceaux tantôt poignantes, tantôt plus humoristiques, sauront vous border à travers un arc-en-ciel d’émotions fortes », peut-on lire dans un média régional.
Maintenant à l’aube de la vingtaine et un bagage de plus à leur côté, le groupe se cristallise dans une esthétique de sons variés en goutant au folk, pop et country, dans l’authenticité, l’exploration et leur douce touche personnelle. Comme leur vécu, leur spectacle est une aventure, un voyage dans le temps et une rêverie du futur.
Justement, leur vécu, plus particulièrement celui de Samuel LeBlanc, jeune musicien transgenre, a retenu l’attention du cinéaste de Shediac pour la réalisation du film « Y'a une étoile ». Julien Cadieux a choisi de mettre en vedette les trois membres du groupe Écarlate, et particulièrement Samuel LeBlanc, autour de la chanson d’Angèle Arsenault qui porte ce titre.
Originaire de Sainte-Marie-de-Kent au Nouveau-Brunswick, Samuel LeBlanc s’est longtemps questionné sur son identité queer et son identité culturelle, l’amenant à chercher une réponse à la question : « L’Acadie queer, ça existe-tu ? ». C’est cet aspect de sa personnalité que le film met en lumière.
« Les paroles d'Angèle Arsenault font écho à un moment où le féminisme était très portant, la parole féministe était importante. Et les enjeux féministes sont les enjeux de la communauté queer. L'émancipation des femmes qu'on a pu commencer à voir dans les années 60, 70 et 80, sont les mêmes choses que les personnes trans peuvent vivre », explique le cinéaste, dont le film s’est mérité les honneurs en mai 2024 lors du Gala les Éloizes à Shediac.
« C'est vraiment quand j'ai fait la rencontre de Sam et d’Écarlate que ça a donné la bouffée de fraîcheur au film pour qu'il puisse prendre son envol », ajoute Julien Cadieux.
Vignette-photo : Clémence Langlois, Samuel LeBlanc et Daphnée McIntyre du groupe Écarlate, avec le cinéaste Julien Cadieux (2e à partir de la droite), réalisateur du documentaire musical « Y'a une étoile ».
Samuel LeBlanc témoigne de la chance qu’il a eue, grâce au tournage du film, de rencontrer toutes ces personnes, de voyager un peu à travers l'Acadie et de rencontrer des gens qui vivent un peu les mêmes choses que lui, qui ont vécu une identité queer et une identité acadienne.
Profitant de l’élan et de la visibilité qui leur ont été accordés depuis trois ans, le trio groupe Écarlate a lancé son tout premier EP de cinq chansons, « Fleur de peau » dans le cadre d’Acadie Rock 2023.
Samuel LeBlanc veut poursuivre sa passion de la musique. Il a plein de projets qu’il entend bien mettre de l’avant avec ses collègues d’Écarlate. En attendant, le groupe a un carnet de spectacles bien rempli d’ici la fin de l’année 2024.
Écarlate
facebook.com/ecarlatemusique
(506) 961-1888
[email protected]